Pas un chat. Naypyidaw, la capitale Birmane sort tout droit de « Je suis une Légende » avec Will Smith, la notoriété en moins… Vaste, très vaste, sa superficie étant 40 fois celle de Paris avec une population égalable à celle de Marseille. Désertique, post apocalyptique sans la torpeur, ni la destruction. Tout est en place mais sidéralement vide comme si c’était à louer. Quand la démesure mégalo/parano se hisse aux frontières du réel.
L’absurde en taille XXL. Des avenues à vingt voies menant au Parlement, la rumeur court que ces boulevards feraient office de pistes d’atterrissage en cas de protestations anti-gouvernement, des centres commerciaux titanesques dernier cris et ce, à perte de vue, de la dorure en profusion, un parc safari complété d’un zoo muni d’une banquise pour pingouins. Des hôtels clinquants et restaurants tous dotés de wifi. Un aéroport international sans avion. Une ville bunker où les quartiers sont claquemurables facilement. Un silence intriguant.
La seule chose que Naypyidaw n’a pas… Des riverains et une vie trépidante! Officiellement la ville « royale » compterait environ 900 000 habitants mais serait estimée à 100 000 par les observateurs. Sortie de terre au beau milieu de la jungle Birmane, à la surprise générale car tenue secrète lors de sa construction dans les 90s, elle a remplacé Rangoon au rang de capitale lors d’un mercato d’hiver 2005 hors du commun qui a vu tous les fonctionnaires y être transférés en 48 heures sous peine d’emprisonnement tels des pions sur un damier. La junte militaire alors au pouvoir et son ex-homme fort Than Shwe , furent motivés par un motif abracadabrant… Un astrologue aurait prédit la chute du régime si ils ne changeaient pas de capitale, confirmant la crainte d’invasion ennemie et de soulèvement civil.
Naïveté emphatique, paranoïa ou réelle prémonition? La première hypothèse s’est vérifiée en 2011 avec la dissolution de la junte. Aujourd’hui les rues demeurent encore fantomatiques, mais tentent de s’éveiller, désormais ouvertes aux touristes. Comble de l’ironie, des ouvriers s’affairent encore à étendre la ville « solitude » qui a déjà couté la somme abyssale de 3,69 milliards d’euros et où personne ne veut y vivre. Encore très loin de l’eldorados.