A l’instar des Mosuo en Chine, les femmes sont aux manettes chez les autochtones Khasi en Inde. A tel point que leur manquer de respect nuirait à la société. La photographe Karolin Klueppel s’est incrustée neuf mois dans leur vie.
Le viol en Inde est un vrai fléau. Souvent collectif, sauvage et meurtrier, il défraie perpétuellement la chronique. Comme en mars dernier, où une religieuse de 75 ans a été bâillonnée puis agressée sexuellement par douze cambrioleurs dans son propre couvent. Un climat d’insécurité totale dont les indiennes sont les victimes, leur parole étant rarement prise en compte et leurs droits super ledge.
Mais au pied de l’Himalaya, dans l’Etat de Meghalya, on rebat les cartes et redistribue les rôles. Dans la tribu Khasi, peuple majoritaire dans la région, les femmes ont l’ascendant de A à Z, étant même à la tête du parlement et des banques.
Les mecs, propulsés depuis des siècles au rôle de babysitter, font profil bas, même s’ils en ont plein les baskets de changer les couches des bébés. On ne viole pas les traditions après tout. Car au sein des fatries, la vedette intouchable c’est la benjamine. La filiation passe par elle, ses enfants porteront donc son nom. Un clan sans fille est donc un clan sans avenir.
Contrairement aux Indiennes en général, les Khasi jouissent d’une indépendance économique et sociale absolue, inscrite dans la constitution. Le viol n’existe pas. Les hommes gardent leur braguette fermée.
En 2014, la photographe Karolin Klueppel a passé neuf mois dans le village de Mawlynnong dans le nord-est de l’Inde. Dans cette série, elle se concentre sur ces jeunes filles en passe de devenir les futures reines de leur royaume, en les shootant dans leur environnement quotidien. Entre documentaire et esthétique subtile.