Le ciel, les oiseaux et ta mère, les Pékinois ne les voient hélas plus dans le « smog » dense et cancérigène qui stagne au dessus de la capitale chinoise depuis des lustres. Une vie en gris sous un dôme à l’air pollué, des enfants aux visages armés de masques Hello Kitty et des jeunes mariés jouant le jeu du « qui va mourir en premier? »
Il est planté là du matin au soir, y ouvrir les yeux est herculéen, y esquisser le moindre sourire est ironie, impossible d’y lire le journal à l’aube, les myopes flânent à travers avec une lampe de poche et google maps, sa présence coupe le souffle, les poumons de sportifs s’encrassent mais eux persistent au footing, ceux des fumeurs lâchent, le cancer rôde dans sa brume, son voile grisâtre voir brunâtre floue l’architecture des rues, sa pénombre dérègle le temps, d’ailleurs quelle heure est-il?
Le « smog » c’est l’envahisseur en Chine, un épais nuage toxique, né pour tuer ou esquinter, à la fonction de pare-soleil non voulu et de distributeur automatique de maladies!
Son origine? Une industrie démente sous cocaïne et des usines de charbons décuplant son ampleur. Pas de vaccin et peu de riposte, des éoliennes s’érigent tant bien que mal, la prise de conscience gouvernementale est trop tardive, le nucléaire essaie de panser les maux mais rien y fait, des masques couvrant les visages pullulent en dernier rempart et des mariés s’équipent de masques à gaz en symbole de désespoir.
Afin caresser la COP 21 dans le sens du poil et face à un pic de pollution record, des milliers d’usines ont fermées mais rien y fait, depuis deux jours Pékin reste plongé dans l’obscurité même à midi, l’air n’y est plus respirable :
« Brouillard et matin, blanches et froides, mes mains, le poids du sac aux épaules, brumes dans la tête, les secondes et les gestes, le froid qui brûle et qui frôle, l’heure n’est plus aux projets, regrets passés, oubliés rêves et délires, si tu ne sais pas ou tu vas, l’habitude est là pour te le dire »
Des paroles de Jean Jacques Goldman éclairantes et lourdes de sens, d’ailleurs dommage que le chanteur français ne fasse pas écho en Chine Continentale, le brouillard prendrait alors ses jambes à son coup!