Ne pas en faire tout un cinéma, il suffit d’assembler par paires les clichés du photographe Sacha Goldberger pour avoir un semblant d’excitation. Welcome dans les soubresauts du désir et des corps.
Dans Jacky Brown de Tarantino , je voudrais Pam Turner prompt à une partie de jambes en l’air dans un garage. Dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola, j’exige Louis XVI recevoir une gourmandise sous la table royale et dans Mad Men, je demande Don Draper en train de larguer toute son excitation sur son sofa, en charmante compagnie. Les influences cinématographiques fusent et ne se dissimulent guère dans la subtile et olé olé version sexuelle du jeu des sept familles, signée de la folie élégante de Sacha Goldberger.
Capable de mettre en scène jadis son héroïne de mamie hongroise dans une sėrie déjantée à assonance Marvel (Mamika) , où de récupérer le coeur de sa bien aimée en lui pondant un livre préalablement photographié, puis découpé et collé dans un cahier de brouillon, cet ex-directeur artistique dans la pub, surprend encore une fois avec Secret Eden, son nouveau tour de passe-passe séducteur et fantaisiste à l’allure de puzzle érotique mesuré.
Ici, les corps dénudés s’emboîtent en douce comme des pièces de legos s’imbriquent sous les assauts de l’imagination, les clichés s’assemblent en diptyques et c’est seulement une fois superposés que le coït visuel multi-époques prend forme à travers 17 scénarios subtiles à la réalisation ultra léchée, l’en atteste des costumes et décors millimétrés ou encore une gérance de la lumière aux portes du sublime. Aussi ludique que suggestif et au raffinement cru, Secret Eden propulse dans une gymnastique mentale aux antipodes des codes très « rentre dedans » de la pornographie sans jamais choquer. À vous maintenant de vous faire votre propre film !