Les néons et mots juvéniles de Jung Lee

Des noms de films tels « P.S : I Love You », des pensées à l’eau de rose « je t’aime de tout mon coeur » ou des phrases que le peuple Nord Coréen est forcé de réciter aux touristes, « notre pays est le paradis des peuples », l’artiste Jung Lee et ses mots de néons, aborde le « big love » et fait de la politique les pieds dans la neige!

Née et basée à Séoul, Jung Lee avant de tomber raide dingue de l’art, entretenait une idylle avec les mots, les news et le journalisme qu’elle a étudié en Corée du Sud. Puis Londres l’a formé aux rouages de l’art européen.

C’est là-bas dans ce bain cosmopolite que lui est venu l’idée de jouer avec la limite des mots. Selon elle, « le fossé entre langage et réalité est gigantesque ». L’en atteste, cette tendance à utiliser avec abus le verbe aimer et finir par en oublier la réelle signification. Ainsi chacun de ses néons, met en lumière des phrases populaires et surtout naïvement romantiques de série B, elle s’en explique : « Si tu es amoureux d’une personne, alors il y a un harem de sentiments profonds que tu souhaiterais murmurer à son oreille mais les mots ne font pas justice, alors au final tu répètes du pré-mâché pompé inconsciemment dans les films et la pop music. »

Sa philosophie de « peser ses mots avant de s’exprimer » s’imprime sans cesse dans ses projets artistiques, rayonnants dans une nature sauvage et hivernale à quelques encablures de la frontière Nord Coréenne. Kim Jong Un aurait certainement tapé une durite s’il avait su lire entre les lignes de son art. Car dans sa série « Bordering North Korea », Jung Lee et ses sneakers vert tortue, installe dans la poudreuse des slogans et phrases creuses de propagande citées par les Nord Coréens lors de la venue de touristes : « Paradis sur Terre », « Nous n’avons rien à envier », « Le ciel éternel de l’humanité ». Encore une fois l’artiste cherche là, à imager l’instrumentalisation de la langue et de ses douceurs rhétoriques à des fins totalitaires. Mais pour un flirt avec le « Cher » Kim, elle ne ferait pas n’importe quoi!

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