Sous-culture. Des gangs bling bling réglant leur compte lors de battles de danse pseudo hip hop pour savoir qui est le plus riche! Plus que provoc, la Skhothane nation est l’incarnation de l’extravagance post-Apartheid qui se lave les mains au champagne.
Tu as le look coco! Bobs léopard, Grillz et sapes flashy de créateurs les plus chers du pays! Issus des townships de Johannesbourg, les Skhothanes exhibent depuis 2000 leur swag jusqu’à mettre le feu à des Nike air ou à une liasse de billets, leur rituel : Battles, alcool à gogo et vidage de crème anglaise Khotha Mel, de paquets de chips « Lays » ou encore de litres de « soft drinks » sur le bitume, toujours dans une optique de consommation ostentatoire et de déballage de richesse, une sorte de communauté « bad ass » ne se souciant guère des sans abris. Sans scrupules mais pas plus offensants que les batailles de nourriture en occident?
i-D Vice dans son documentaire “Worn In – Tembisa, Johannesburg” publié hier, donne la parole à un membre du groupe Bosa Novas : « Pour mes parents, la vie était axée sur la politique, pour moi la vie tourne autour de l’apparence et de l’argent. »
Symptomatique d’un large fossé entre fortunés et pauvres, cette sous-culture controversée, formée de « free borns » âgés de 12 à 25 ans, prend le contre pied de la génération de leurs géniteurs aliénés par l’Apartheid et privés de tout jusqu’en 1991. L’une des filles du crew Pro Italian Takers le résume très bien :
« Durant mon enfance, j’avais le sentiment de ne pas trouver ma place. Ma mère ne pouvait pas m’offrir toutes ces choses très chères, cette vie onéreuse dont je rêvais. Mais je me disais toujours qu’un jour quand j’aurai un travail, j’allais pouvoir acquérir tout ce que je ne pouvais pas me payer. »
Mais où diable trouvent ils « tant » d’argent? Née de ce désir d’échapper à la précarité et à la discrimination, cette communauté alternative matérialiste subsiste néanmoins sans emploi, alors chacun plume ses parents qui payent tout pour eux par peur de les voir rejoindre de vrais gangs et devenir criminels.
Joindre le mouvement Skhothane, c’est en fin de compte atteindre la reconnaissance sociale sans tomber dans la violence du ghetto. Le Graal? Porter des chaussures bizarres de paires de même marque de luxe mais de couleurs diffėrentes.
Un mode de vie choquant et intriguant qui s’estompe toutefois après 25 ans selon les cas, un âge où l’horizon d’une future vie de famille et la raison prennent le dessus sur la folie et l’excès!