Dans Lord Of War d’Andrew Niccol avec Nicolas Cage, un avion à l’abandon dans une plaine d’Afrique se fait démembrer de A à Z en l’espace de quelques heures. À Bangkok c’est une toute autre histoire, un cimetière d’avions quant à lui perdure et résiste au pillage. Bienvenue dans les nouveaux refuges d’une pauvreté sans abris.
Direction l’est de la capitale thailandaise, au sein d’une parcelle de terrain privée à l’herbe verte, étouffée entre une autoroute au bord de l’overdose et un canal à l’odeur d’oeuf frelaté, où siègent une dizaine d’avions de ligne et notamment un gigantesque Boeing 747. Ces carcasses d’objets volants aux états disparates, servant autrefois à des voyageurs au portefeuille plutôt garni, font office aujourd’hui d’appartements de fortune pour certains sans domiciles fixes du district de Ramkhamhaeng et d’ailleurs.
Un espace de survie à l’allure de décharge de l’aviation civile dans lequel des cockpits conservent parfois leur état d’origine, l’électronique en moins et des gilets de sauvetages vétustes mais intacts rappellent ici que ces avions ne se sont pas crachés. La plupart des appareils ont été réaménagés en cabanes, sans eau courante ni électricité et à la merci de l’humidité ou des chaleurs suffocantes. Y résident principalement des victimes d’un exode rural aux promesses aveuglantes, vivant principalement du recyclage et du ramassage des ordures.
Aujourd’hui, Bangkok compte 8,2 millions d’habitants aux revenus très inégaux. Selon une étude menée par la « Issarachon Foundation », 3 360 sdf ont été recensés en 2015 dans la mégapole asiatique, 28 d’entre eux seraient occidentaux.












