Une étude visuelle sublime et crève-coeur de la tristesse, à base d’oignons. Tasha Tylee fait verser des larmes de crocodile sur le visage de ses proches.
Faire pleurer son meilleur ami, un ex ou son amant et les regarder sans cligner un nano seconde de l’oeil, impassible, n’est pas du ressort de l’homme, cette photographe de mode australienne le prouve dans sa série Baby Cry, avec une kyrielle de portraits couverts de larmes qui à l’instar du bâillement, paraissent communicatives. C’est en s’embarquant dans un exercice émotionnel pour le compte du group show The Break Up Party où chaque artiste présent doit choisir une pièce dans une maison et d’en concevoir un travail autour, que Tasha Tylee a opté pour la salle de bain, véritable cachette libératrice de tristesse à l’abris des regards.
Ainsi Tasha a passé un mois à tenter de faire fondre en larmes ses sujets, au point d’en devenir experte, usant parfois de stratagèmes pour le moins efficaces face aux moins fleurs bleues :
« Il y avait quelques personnes qui n’étaient pas à l’aise, mais je les ai mises en condition lentement en leur faisant couper des oignons. Évidemment, il peut être intimidant de pleurer sur place, alors je demandais s’il y avait une chanson triste qui avait soulevé des souvenirs forts chez eux. C’était vraiment assez étrange une fois qu’ils commençaient à pleurer réellement, parce que généralement quand quelqu’un pleure vous voulez les réconforter mais j’ai dû continuer à prendre des photos. » (Via i-D Vice)
Se remémorer des histoires d’ex et leurs d’horribles mots, raviver des ruptures au goût âpre de blessures non-cicatrisées, dans cette salle de bain, le principal motif de tristesse est sans conteste le chagrin d’amour et ses séquelles, si récurent chez chacun de nous. Et c’est encore plus difficile à photographier lorsque ce sont des proches qui pointent devant l’objectif :
« Les premières fois étaient vraiment émotionnelles. Quand j’ai vu des gens que j’aimais pleurer, j’ai définitivement versé quelques larmes derrière la caméra.Certains étaient des amis, d’autres des intérêts d’amoureux, des amants précédents ou juste des gens avec lesquels j’avais une relation très étroite. Je n’ai toujours pas l’impression d’avoir terminé le projet, donc après cela, je vais probablement aller encore plus loin. Il y a encore tant de gens que je veux shooter; Tout le monde a un visage intéressant, j’ai la chance d’avoir des amis si intéressants. »
Plus que des portraits intimes et privés, Baby Cry est en réalité une représentation d’elle-même, en référence au moment de la perte de sa mère durant lequel elle a compris que vomir ses souffrances et ne pas contenir sa peine, avaient en soit quelque chose de thérapeutique. En aidant ses amis à expulser leurs maux, Tasha Lee démontre sans en faire des masses que pleurer en coeur, resserre les liens.