Court-métrage: Bad Girl, belle et mal dans ses baskets

Trop belles pour… Des exemples il y en a à la pelle… Sabina Altynbekova, talentueuse volleyeuse Kazakhe interdite de jouer pour délit de belle gueule, car les supporters focalisaient sur elle et non sur le jeu. Ou encore Marissa Meyer, patronne de Yahoo critiquée pour son physique avantageux. Comme si la beauté et l’intelligence ne pouvait cohabiter dans un seul être. « Les gens beaux sont considérés comme plus sociables que les autres, mais aussi plus intelligents, talentueux, sensibles, honnêtes » catapulte Jean François Amadieu dans « Le poids de l’apparence » .

Pourtant loin du mythe et ancré dans la réalité, l’objétisation et la détresse de certaines femmes à la beauté supérieure ne sont plus à prouver. Si certaines usent de cet atout pour arriver à leur fin, d’autres, souvent réduites à contenter l’appétit visuel fantasmagorique masculin et rien d’autre, sont harnachées à leur insu au bien connu « Soit belle et tais toi » confiant parfois être mal dans leur peau, croulant au contraire peu sous les rencards comme ce fut le cas pour Mila Kunis avant son idylle avec Ashton Kutcher. « Les hommes sont effrayés quand une fille est trop jolie, ils se disent qu’ils n’ont aucune chance ou qu’ils se la feront piquer tôt ou tard. Du coup, ils n’essayent même pas”.

Une apparence trop dure à porter mise en scène dans Bad Girl. Un court métrage du réalisateur français Arnaud Khayadjanian autant brutal qu’esthétique, ironique que pertinent, balayant d’un revers de main tout cliché intempestif. Ici la bad girl des temps moderne, incarnée par la très acide Mathilde Roux , écume les rues parisiennes, en culotte floquée #swag, avec des cheveux au bleu tape à l’oeil, tout pour être vue et pourtant personne ne la calcule.  » Peut être que si j’étais moins jolie , vous verriez mon coeur vibrer » assène t-elle. L’héroïne au travers d’un monologue inspiré de la pièce de théâtre de Laura Desprein, Coeurs sourds, se retrouve alors face à un dilemme, être ce que l’on attend d’elle ou disparaitre dans l’oubli.  » Vous ne me voyez pas, vous ne faites que tendre vos mains. Je préfère ça à l’absence totale d’attention. Si j’arrête de vous plaire, est-ce que j’existerai toujours ? […] Le seul moyen qu’on s’intéresse à moi c’est celui-là, jouer la femme fatale. »